Après avoir passé un séjour dans notre centre de soins et dans une volière extérieure du parc, les trois corneilles de La Garenne sont parties le 9 mars 2023 dans un centre de réhabilitation de corvidés en France (Crow Life). Elles ont pu ainsi être relâchées autour du centre situé dans une zone peu habitée, afin qu’elles retournent à la vie sauvage ou, pour les plus imprégnées, qu’elles bénéficient d’un environnement sécurisé en toute liberté.
L’histoire de ces oiseaux à La Garenne :
Retrouvées orphelines et élevées chez des particuliers, trois jeunes corneilles noires ont été placées à La Garenne, l’une en 2020 et les deux autres en 2021. Trop habituées aux contacts humains, elles ne pouvaient pas être relâchées dans la nature à leur arrivée. Ces dernières ont donc été installées dans une volière du parc spécialement aménagée pour elles.
L’équipe vétérinaire et les soigneurs animaliers ont pris soin de ces oiseaux pendant plusieurs années en leur prodiguant les soins nécessaires et en essayant de leur offrir tout ce dont elles avaient besoin dans leur espace. Pour se faire, des abris, de la végétation, un point d’eau, une nourriture variée et des activités stimulant leur intelligence leur ont été offerts. Par exemple, différentes boites et autres objets contenant les aliments préférés des oiseaux ont régulièrement été utilisés pour faire des enrichissements de comportements, en éveillant la curiosité et l’ingéniosité des corneilles à trouver des astuces pour atteindre leur nourriture.
Sur les conseils de Ludovic Bourqui du CRR (Centre de Réadaptation des Rapaces), les équipes de La Garenne et de Crow Life se sont rencontrées pour la prise en charge des corneilles dans un centre spécialisé corvidés.
Nouvelle vie au centre de réhabilitation de corvidés Crow Life :
À leur arrivée, les corneilles ont été individuellement baguées afin de les distinguer toutes trois et de suivre leur évolution sur le site, puis elles ont été placées dans une volière commune.
Ensemble, pour conserver leurs repères sociaux dans un environnement nouveau, tout en favorisant des contacts avec d’autres congénères présents dans une volière adjacente. Un temps d’observation a permis de constater un plumage en parfait état pour chacune d’elles ; des comportements de cache et de chapardage bien intégrés ; une communication appropriée inter et intraspécifique (lancement de cris d’alertes à l’approche d’un danger, réaction aux signalements lancés par d’autres espèces - la pie bavarde par exemple) ; l’absence de troubles du comportement liés à l’imprégnation (parade nuptiale à l’humain, désintérêt pour ses congénères,...).
Les conditions physiques et comportementales des oiseaux étaient donc favorables à leur relâche, celle-ci ne devant cependant être ni trop rapide, afin que les individus identifient le site comme un lieu de sécurité sur lequel ils peuvent revenir en cas de besoin, ni trop longue, pour éviter que la volière ne devienne à nouveau leur norme, après une longue période de captivité au cours de laquelle soins et enseignements leur ont été prodigués.
Après quelques semaines, les corneilles eurent la possibilité de sortir. Dans un processus progressif tel que mis en place à Crow Life, les oiseaux ne sont pas extraits de leur volière pour être transportés puis relâchés dans un environnement inconnu : lorsqu’ils sont estimés prêts à repartir, la porte leur est laissée ouverte, parfois plusieurs jours. Cela évite le stress chez les oiseaux, tout en leur laissant la possibilité de revenir à l’abri, là où sont leurs repères.
C’est ainsi que deux jours après l’ouverture, la corneille la plus sauvage du groupe a retrouvé sa liberté. Une deuxième est sortie quelques jours après elle ; moins sauvage, elle reste sur le site, ayant élu dortoir sur l’une des volières et s’alimentant sur les plateformes de nourrissage du sanctuaire, qui profitent aux oiseaux imprégnés et également aux sauvages (d’anciens relâchés, ou d’autres attirés par l’aubaine). La troisième, quant à elle, reste encore en volière avec des congénères.
Le transfert de ces oiseaux a été favorisé par les autorités suisses et françaises, et montre un bel exemple de coopération entre deux centres de soins soucieux du sort de ces oiseaux, dont l’imprégnation et la nature-même condamnent ailleurs bien souvent à l’euthanasie. S’il est difficile de s’assurer du devenir d’un animal sauvage après son relâché, il est toutefois important de lui donner sa chance : à Crow Life, corvidés sauvages, imprégnés et handicapés trouvent un refuge.
コメント